Ivre:
Concentre-toi, ça va passer.
La douleur passe mais un peu plus tard, elle me réveille enfin. La nuit de souffrance est passée et c’est le réveille qui prend le relais. Je me lève, vais prendre un médicament et me rendort.
Je sens ses bras autour de moi qui me serre doucement contre lui, sa joue râpe la mienne et des larmes de bonheur me montent aux yeux. Je vois son visage, je l’embrasse. Nous partons d’où il y a du monde pour être seuls. Mais elle arrive, rousse, le visage triste. Elle est mal, j’ai déjà compris que c’est perdu. Je veux le détacher d’elle, qu’il reste avec moi mais j’ai compris qu’il la rejoint pour la consoler. Je cours après lui, je hurle que je ne veux pas de lui en fait, il ne m’écoute pas mais je veux qu’il le fasse.
Je me réveille, la lumière dans ma chambre. Je me lève doucement, c’est l’heure. Je me sens étrange. J’ai encore sur la peau la douce ombre de son étreinte, ses lèvres flottent encore sur les miennes, je veux pleurer. Je suis si triste que se soit un rêve, la réalité ne va pas, je voudrais qu’il soit là.
Je me prépare et tourne en rond inutilement. Je suis incapable de rester à rien faire. Je veux le voir, je veux lui plaire. Me faire belle et le charmer qu’il me prenne pour de vrais dans ses bras. Je veux être femme pour lui.
Incapable d’attendre, je prends mes affaires et vais à l’école. Sur le chemin, je regarde autour de moi me souvenant de cette étreinte, je souffre qu’elle soit fausse, si au moins il avait put m’en offrir une vraie, de quoi m’accrocher. Mais je ne peux pas. Je cherche comment me montrer à lui. Soudain, un choc. Je suis tellement dans mes pensées que je me suis prit un poteau. Je ris un peu et là, je me rends compte que je souffre mais qu’en même temps, je suis heureuse.
Je suis en classe, je suis triste, heureuse, stressée. J’ai envie d’éclater en sanglot. Je parle, je parle, je veux un conseil. Je suis ridicule, absurde. On me dit amoureuse.
J’ai une période de libre, je sors, je vais m’acheter du chocolat, mon corps porte encore son étreinte, je n’arrive pas à l’oublier, elle fait battre mon cœur, monter mes larmes. La tête me tourne, j’ai l’impression de rêver.
Plus tard, j’entre dans le cours avec mon test. C’est une longue et puissante douche froide. Une douche froide avec un gros pull et coincée sous le soleil qui me donne trop chaud. J’étais ivre de stresse, de joie, de fatigue, je suis ivre de peur, ivre de chaleur. C’est une douche froide violente. Je ne m’en sors pas. Je sombre, je nage et je coule.
Je rentre chez moi, je retourne en ville manger avec ma mère, mes cours son finit. Nous allons au restaurant. Je prends un kir pour l’apéritif. Je ne sens plus l’étreinte, la douche m’a calmée. Je suis ivre, tout simplement ivre. Je ris, j’oublie mais mes larmes sont encore coincées dans ma gorge et derrière mes yeux. Je dois éclater en sanglot mais je ne sais pas comment. Pas avec qui, pas quand. Je n’ose pas aller me confier, je n’ose pas montrer mes larmes.
Je rentre, je suis fatiguée, ivre. J’ai fait des courses et j’ai sommeil. Son étreinte et là et le fait qu’elle n’existe pas me détruit. Je le veux. Je ne suis pas raisonnable je sais, je ne suis même pas réaliste. Je suis fatiguée. Je devrais dormir. Juste dormir. Oublier ses bras, sa joue et son corps près du mien. Après tout ce n’est qu’on rêve.
Un rêve qui fait mal devant la vérité.
Je suis ivre de douleur, ivre de bonheur, ivre tout court.
