Maison Storm

"Il fait passer son boulôt avant la clé de sa maison, quel homme admirable!"

Ned était littéralement captivé par le professionnalisme non déguisé dont faisait preuve son talentueux supérieur. Il était incroyable de penser qu'un homme puisse prendre sur lui autant de responsabilités. La pire crainte de Ned à ce moment-là était à présent de décevoir le commissaire. Il voulait à tout prix acquérir sa confiance et ne pas être un poids dans les plus belles valeurs de cet homme.

Après que la porte se fut ouverte, et que Mr.Storm eut allumé une lampe, Ned scruta l'intérieur: Une maison riche, visiblement mal entretenue, ce qui était normal pour quelqu'un comme le commissaire. Si le jeune homme prêta une grande attention aux diplômes et récompenses diverses qui étaient accrochées aux murs, il ne vit pratiquement pas les cigarettes et les cartes qui se trouvaient sur les étagères. Il était de toute façon impossible que le quotidien de leur propriétaire ne se rapporta pas d'une quelquonque manière à son travail.

Et donc, lorsqu'entra dans la pièce une jeune femme vêtue uniquement d'un linge, qui était venue voir ce qui se passai. Il en conclu qu'elle était sa soeur, qu'il hébergeait en toute générosité comme il se devait de la part d'un homme de son rang.

-Bonjour, chère demoiselle.

Il ne dit rien d'autre, de peur de paraître trop familier.

Ned avait détourné les yeux de la fille. Il ne voulait pas la regarder plus longtemps. Sa carrière pouvait dépendre de petits détails dans le genre, et sans carrière, moins de devoirs héroïques à accomplir. Tel était le but de la vie de tout homme selon Ned Green : devenir un héro !

La fenêtre toute proche de laquelle émanait une lueur blanchâtre constituait une issue efficace lorsque l’on était confronté à un problème qu’il ne valait mieux pas regarder en face. L’on pouvait aisément commenter ainsi le gazouillis des oiseaux, sur un arbre voisin, ou le doux bruissement de l’herbe face au vent. Toutefois, ici, il s’agissait surtout du martèlement de la pluie, et des premiers cris d’un orage naissant.

"Belle demoiselle à demi-nue."

Une femme ailée venait d’apparaître sur le rebord que Ned ne quittait pas des yeux, de sorte qu’il pu l’apercevoir très rapidement et en fut d’autant plus surprit. Si il pouvait facilement éviter de regarder la jeune femme avec son linge, il lui était très difficile de détourner son regard de la nouvelle arrivante, et cela était incompréhensible jusqu’à nouvel avis. Le policier en herbe espéra donc que cette femme ailée ne faisait pas partie des connaissances du commissaire.
D’ailleurs, d’étranges phénomènes étaient provoqués en série par cette soudaine apparition : comment se faisait-il qu’une humaine puisse avoir des ailes ? Et pourquoi faisait-elle des commentaires sur la tenue d’une autre alors que la sienne méritait moult commentaires ? Pourquoi une inquiétude soudaine s’empara de Ned, contre laquelle il du lutter pour ne pas céder à une peur panique, comme une intuition particulièrement embarrassante car l’on ne savait pas comment réagir face à elle ?
D’ailleurs, était-elle vraiment humaine ? Elle avait les traits, le charme et la voix d’une humaine, mais ses canines, ses ailes et ses griffes laissaient planer un certain doute sur la question.

"Beau jeune homme déterminé à la bonne santé. N'ai pas peur je ne vais pas te tuer. Si tu es gentil je laisserais même le cou de la demoiselle en paix."

« C’est à moi qu’elle parle ? Qu’est-ce qu’elle me veut ? »

Les yeux de la femme avaient quelque chose de captivant, le genre d’anomalie que le cerveau tente vainement de déchiffrer, fatiguant l’esprit beaucoup plus vite que la normale. Leur éclat doré était littéralement surnaturel.

Soudain, la créature sauta sur la femme en linge. Au passage, elle déchira les beaux rideaux de Mr. Storm sans même s’excuser. Voilà qui n’était pas très courtois, même chez les êtres surnaturels. Depuis le lit, un son affreux résonna aux oreilles de Ned. Ce n’était même plus une créature, c’était un monstre ! L’incarnation même de la froideur, de l’inhumanité, et, accessoirement, de la beauté perverse.

"Gentil policier, viens vers moi, viens tout, tout près ou je passe ma main sur son ventre. Croix moi, après ça il sera dure de reconnaitre son jolis minois. Viens viens donc la protéger, je ne vais pas te tuer, pas toi, juste toi. Viens mon petit, tu n'as que peut de temps pour calmer mon envie de la tuer."

« Premièrement : que ferait Mr. Storm ? »

L’homme ne parvenait pas à garder son sang froid, malgré tous les efforts qu’il faisait. La partie était jouée d’avance. C’était lui ou la fille, quoique même si la fille était tuée, à entendre la monstruosité, cela ne changerait rien à son propre sort. Il devait donc se sacrifier ? Comme ça, sur un coup de tête ? Cela paraissait ridicule, mais avait-il vraiment le choix ? Et puis d’ailleurs, le but de toute vie (surtout de la sienne) était de devenir un héros, alors peut-être que, par ce geste courageux, il recevrait une médaille.

« Eh merde ! Voilà qui est pensé ! »

-D’accord ! Ne la touchez pas, je viens… Je viens…

« Et ça c’est dit… »

Le policier fut soulagé de constater que la chose avait effectivement cessé de menacer l'autre femme. Il aurait obtenu un accord équitable, au moins. Un instant, il se dit qu'il y avait beaucoup moins matière à craindre à présent, mais il sentit les ailes passer derrière son dot, aussi furtives que soudaines. Il put sentir les plumes le caresser avec délicatesse, et sut qu'il était trop tard pour un plan B.
La créature s'approcha de lui, sans doute assez rapidement, mais dans un intervalle de temps qui parut durer une éternité à ses yeux. Il pu sentir la froideur qui émanait d'elle augmenter à mesure qu'elle approchait. Le rythme cardiaque du policier apprenti s'accéléra, tout comme la production d'adrénaline... Lentement, cette sensation de désespoir, peut-être même le fait de sentir la mort tout proche, gagnait du terrain dans l'esprit de Ned.

Lorsqu'elle saisit son col, il cru une fraction de seconde que sa mort était arrivée, mais, curieusement, son rythme cardiaque baissa, et il se mit à respirer plus lentement. Même l'adrénaline semblait avoir déserté. La froideur qui s'émancipait de la femme avait disparu: ses ailes formaient une véritable protection pour conserver la chaleur, de sorte que la femme ailée perdait de son aspect cadavérique.

Ned se sentait collé à elle, à présent. Il inhalait son parfum à plein nez, et trouvait presque l'odeur agréable. Non, elle l'était carrément, et cette pensée lui était effrayante. Il sentait le contact de ses formes mises en évidence par sa tenue plus que légère, ce qui -et c'était plus gênant qu'autre chose- ne manqua pas de provoquer une forte manifestation typiquement masculine au niveau de son bassin.

"Gentil petit garçon. Tout doux et savoureux garçon. Toi tu es un gentil petit, pas un homme qui viens battre sa femme et violer sa fille. Gentil garçon."

Il fallait l'avouer: Ned avait grand peine à saisir le rapport entre lui et les "querelles" familiales, mais peut-être valait-il, en ces circonstances, mieux se concentrer sur le gentil garçon que sur le reste. Il avait l'impression, ainsi, d'être dans les bras d'un ange. Il lui suffit de fermer les yeux pour s'en convaincre.

"Gentil garçon. Viens avec moi bien gentiment."

-...Oui.

Comme Ned s'y était attendu, l'ange le saisit et l'emmena dans l'orageux ciel nocturne.

Roy n'avait pas asisi tout de suite. Après les actes de la jeune fille, il comprit tout de suite. Il essaya de la réconforter, puis retourna dans les sous-terrains avec Phalis, qu'il laissa dans une pièce sure où elle ne manquerait de rien. Il se dirrigea dans la direction opposée à celle d'où il venait avec Ned. Aprèsvingt minutes de course en descente, il arriva devant une porte blindée qui se situait sous sa maison.

"Je n'ai pas d'autre choix", se disait-il.

La porte n'avait rien de logique. Aucune serrure, pas de gonds visibles, pas de poignée, rien. Cependant, Roy avança sur le côté droit et déplaça le mur qui en fait cachait une tablette. Il s'ouvrit le doigt avec un couteau et posa son sang sur la tablette. La porte s'ouvrit et il entra dans la pièce. Aussitôt le seuil franchi, la porte se referma sur lui.

"Je ne peux plus reculer maintenant."

Lapièce était énorme, et effrayante. De tous les côtés, on voyait des éprouvettes, des fioles avec des membres d'animaux, et au centre se trouvait une table d'opération. Le commissaire prit une éprouvette et choisit des fioles. Il fallait être le plus précis possible. £Il s'attela à la table et commença des calculs. Après un premier essai, il tira un rideau. Des milliers de cages apparurent, dans lesquelles "vivaient" plusieurs animaux. Lorse qu'il prit une cage, il la posa dans un liquide qui fit fondre la glace qui contenait un rat. Lorsque la couche restante était très fine, il retira la bête et la bosa dans un petit enclos. Lorsque l'animal se réveilla entièrement et que ses organes fonctionnaient correctement, il lui injecta la solution. Le résultat ne se fit pas attendre: la bête mourrut immédiatement. Il recommença l'opération, mais pris plus de temps pour ne pas se tromper. Il rajouta quelques produits, comme des poisons, et il remarqua que ceux ci ralentissaient la mort des sujets, voir même l'empéchait. Il était sur la bonne voie. Il passa plusieurs heures sur certaines expériences. Il devait à chaue fois noter tous les effets sur les sujets et ne pouvait donc pas commencer d'expérience avant d'avoir fini la précédente. Comme il aurait voulu de l'aide. La plupart des expérience rataient, mais il ne démora pas. Les notess sur les hybrides l'aidaient un peu, mais elles ne suffisaient pas. Il remarquait que certains produits fonctionnaient miex sur les batraciens, d'autres sur les reptiles, certains ne rataient que sur les oiseaux, mais aucun n'avait les effets attendus sur les mamifères.

Il avait perdu la notion du temps. Etait-ce parce qu'il était 20 mètres sous terre? De toute façon, il s'en fichait. Il devait trouver le bon mélange. Il se surprenait des fois à s'endormir sur ses feuilles, mais jamais pendant les observations; les cobayes mourrant au maximum après 20 minutes, toutes races comprises. Il ne voulait pas s'accorder de pause, mais en fut bien obligé: il n'arrivait plus à réfléchir correctement. Cependant, il parvint à s'endormir en continuant à écrire: il le faisait deppuis qu'il était petit. Il a toujours pu dormir calmement alors que son corps continuait à bouger par lui-même. Il s'est toujours étonné de ce don, et maintenant ne pourrait vivre sans; son subconscient l'aidait souvent à résoudre les enquètes. Au réveil, il recommença ses expériences. Comme il le pensait, les sujets qui avaient survécus étaient toujours en vie. Il procéda à des test sur ces derniers, et remarqua que les produits qu'il avait injecté avait bien réagit, mais avant l'injection, ce qui avait annulé leurs effets sur les bêes. Il n'avait plus qu'a essayer de ralentir la réaction.