Au service de la mort

Ned était sûrement en train de rêver, une telle situation ne pouvait pas être. Si il ne s'agissait pas d'un rêve, c'était sûrement une épreuve que lui imposaient ses supérieurs. Il était trop tôt pour pour lui pour servir d'otage. Il en était à son premier jour de travail: il n'avait donc pas l'expérience suffisante pour subir ce qu'il subissait en ce moment. Il s'était toujours imaginé commencer avec les petits voleurs, puis résoudre des affaires de plus en plus dure à mesure de sa progression dans le métier. Le fait de se faire kidnapper dès le premier jour relevait de la pure anomalie.

Il se trouvait à présent les yeux bandés, sans plus de repères que par une nuit de tempête au milieu de l'océan, avec ses connaissances en navigation pratiquement inexistantes. Ses mains étaient liées, et il ne tenta pas vraiment de se débattre. D'une part, parce qu'il savait que c'était inutile, avec la femme ailée qui se trouvait derrière lui et qu'il n'avait pas pu voir reprendre son apparence humaine. D'autre part, sauf quelques rares exceptions, ce n'était pas à l'otage de s'échapper, mais au commissaire de venir le libérer. D'ailleurs, tant que Mr.Storm penserait à lui, il traiterait sa situation avec optimisme. Sa vie pleine d'aventures folles commençait! Si elle ne l'avait pas fait avec un bandeau sur les yeux, il aurait presque proposé de fêter ça. Il était heureux de réaliser son rêve: de vivre ce que les policiers vivent quotidiennement.

Il se sentit poussé en arrière. Il cru qu'il allait tomber à même le sol, et un frisson le parcouru, mais il senti une surface le soutenir. Il savait à présent qu'il allait se passer quelque chose.

"Gentil garçon tu n'as pas chaud sous ta chemise?"

Voilà, encore des paroles sans le moindre sens. Pourquoi donc se soucier de sa chemise? C'était ridicule. Pourtant, il la senti se déchirer et une douleur à laquelle il ne s'était pas attendue, accompagnée du contact froid d'une lame. Voilà qui atténuait quelque peu son bonheur. Il pensa à exprimer sa souffrance momentanée (sous forme de plainte), mais se dit qu'il valait mieux ne pas faire trop de bruit pour éviter de déranger ses agresseurs. Ainsi ils pourraient peut-être se montrer plus gentils.

"Oh j'espère que je ne t'ai pas fait mal."

Bien sûr, l'esprit affuté de Ned avait immédiatement décelé l'ironie de cette phrase. Par contre, ici, sa réaction habituelle face à l'ironie, c'est à dire feindre le rire, semblait inappropriée. Il se décida donc à ne rien répondre à cette provocation. Après tout, rares étaient les héros qui parlaient sous la torture.

Ned entendit un grand rire, puis se sentit poussé par une main, il semblait que c'était toujours celle de la femme. Il sentit ensuite le contact de ses jambes avec son corps, ce contact, si sensuel et si effrayant. Le policier commençait à présent à véritablement réaliser qu'il allait se passer quelque chose, et qu'il pourrait difficilement empêcher cela.
Il la sentit ensuite couchée sur lui. Elle était légère, et sa peau était différente de la première fois, comme si c'était une femme tout à fait "normale" qui était couchée sur son torse nu.

La lame, frôlant la peau de son visage avec délicatesse, le fit frissonner, comme la voix qui se mit à chuchoter dans son oreille.

"Ce n'est pas polis de ne pas répondre gentil garçon. Si tu continue à être impolis je vais devoir sévire."

Le léger massage qui se faisait au niveau de son coup était légèrement agréable. Peut-être l'épreuve visait-elle à éprouver sa résistance face aux armes féminines. Mais il poussa un gémissement lorsque le massage se mua subitement en un violent manque d'air.

"Car tu voix, si tu ne parle pas tu n'as pas besoin d'air. Alors je te l'enlève."

Il répondit d'une voix étouffée:

-D'accord... d'accord... je vais parler si ça vous fait plaisir.

Sa vision était déjà brouillée par son bandeau, mais il senti peu à peu son ouïe perdre de sa netteté, puis son corps devenir moins sensible au contact de la femme. Alors l'étreinte exercée sur son coup se desserra aussi soudainement qu'elle était apparue. La créature se redressa, ce qui lui libéra d'avantage les voies respiratoires. Quelque chose passa à nouveau autour de son visage, mais ce n'était plus une lame, simplement une main.

"Tu es vierge gentil garçon?"

*Ah, c'est vrai, je dois parler, sinon elle m'étranglera encore.*

-C'est quoi cette question!?!?!?

La main revint à la base de son coup, et Ned craignit un nouvel étranglement.

"Répond!"

Ned chercha rapidemment une réponse appropriée, c'est à dire que la créature désirait entendre, mais comme il ne voyait pas du tout où elle voulait en venir en lui posant cette question, il se résolut à lui dire la vérité.

-...Non, je ne le suis pas.

A 19 ans, il était difficile d'être encore vierge, à moins d'être prêtre.

Le jeune homme fut soulagé de sentir l'étreinte sur son bassin se déserrer. Non pas à cause du fait qu'elle le privait encore plus de sa liberté de mouvements, mais également que la femme allait arrêter de le toucher à partir de cette position légèrement trop intime à son gout. Il faut dire que Ned avait encore une foule de choses à apprendre sur la torture...
En effet, il s'étonnait de toujours sentir le souffle léger de la femme au dessus de lui. Pourquoi était-elle toujours là, dans une position sans doute nettement plus inconfortable? Il ne pouvait voir ce qu'elle faisait, et commença à se dire qu'il allait se passer autre chose que précédemment. Disons que cette idée l'inquiéta beaucoup.

Il eut un léger spasme en sentant une main se balader sur sa poitrine. C'était une manière de sursauter sans en faire une réaction trop violente. Jusqu'à présent, tout s'était passé dans un certain calme, et il espérait que cela dure le plus longtemps possible.
La main cessa sa promenade incessante, et Ned la sentit descendre petit à petit en direction de son bassin. Il attendit longuement le moment où elle stopperait son avancée. Elle s'arrêta deux secondes lorsqu'elle entra en contact avec son pantalon. L'homme cru que cette main en avait alors finit, mais sa surprise fut totale lorsqu'elle passa agilement sous le tissu pour descendre jusqu'au niveau de ses cuisses, avant de subrepticement remonter... et effleurer son entrejambe. Le policier se tendit à un point tel qu'il avait de la peine à parler. Normalement le héros devait arriver à ce moment-là, lorsque la situation devenait critique et désespérée, non? Il saisit soudain le rapport entre la question précédente et sa situation présente, mais n'était pas rassuré pour autant.

"Et c'était bien? Tu en a connus beaucoup?"

C'était une bonne question. En fouillant dans sa mémoire, Ned constata qu'il en avait connu deux: une près de la ferme de ses parents, et une autre à son arrivée en ville. Ces relations n'avaient jamais duré longtemps, mais il fallait dire que le sexe n'était pas la priorité du policier. Les hommes de loi font passer le travail avant les femmes qui y sont étrangères. Il suffisait de regarder Mr.Storm pour s'en apercevoir. Il savait qu'il n'avait pas matière à craindre en répondant aux questions qui lui étaient posées, et répondit donc, en faisant tout de même attention à ses mots. Elle tenait son membre à sa merci, mieux valait ne pas la contrarier.

-...Deux, elles...

A partir de la seconde qui suivit, Ned sentit subitement tomber son envie de voir arriver le commissaire. Tout simplement parce qu'il sentit que la main s'agitait là en bas, et que si ses supérieurs le trouvaient dans cette situation, ils auraient du mal à croire l'histoire de la torture. Là, c'était réellement frustrant: ses mains étaient ligotées, donc il ne pouvait rien faire pour empêcher ce qui lui arrivait. Il se sentait manipulé. Pourquoi une femme prenait-elle tellement plaisir à toucher un homme contre son gré?

-Arrêtez! Qu'est-ce que vous faites?

Il sentit les lèvres de son bourreau. Elles étaient presque en contact avec les siennes. Ils auraient pu carrément s'embrasser, si elle l'avait voulu, mais elle ne se rapprochait pas plus.

"Étaient-elles aussi douées que moi?"

Ce détail lui avait échappé. Pour tout dire, il n'y avait même pas fait attention. Le simple fait de se retrouver attaché constituait une problématique plus importante. L'on ne pouvait torturer par le plaisir! C'était impossible... Et pourtant, Ned avait peur. Cela pouvait rester dans cette situation, ou dégénérer en quelque chose de bien plus cruel. Pourquoi faisait-elle ça? Que lui avait-il fait? Il avait essayé de se montrer le plus sympathique possible, d'ailleurs il allait le faire à nouveau par la réponse évidente qui se posait.

-Non... elle ne m'ont jamais prises... de cette manière.

Un homme toque à la porte de son bureau. On vient lui informer que sa création l’attendait dans la salle d’opération avec son colis. Intérieurement ravi de l’efficacité de l’hybride et déçu par le manque de temps nécessaire à la résolution de ses énigmes, le docteur suivi le couloir jusqu’à la salle nommée.

En entrant il vit sa créature jouant avec sa matière première. En plus d’avoir pris ses ustensiles de travail, la fougueuse se permettait d’abîmer son sujet. Gardant une contenance glaciale, l’homme aux cheveux blancs s’adossa au mur après avoir fermé la porte. Il darda l’hybride du regard en maintenant une contenance hautaine.

Lyra, ce n’est pas bien de jouer avec mes affaires, ni les clients. Viens me donner le scalpel.

Il attendit patiemment, la main tendue pour que la créature l’obéisse. Une fois posée dans cette main. Le docteur examina son outil, sans jamais regarder en direction de la silhouette enguicheuse.

Quel dommage, tu l’as salie. Il faudra la désinfecter maintenant. Viens.

Puis, se tournant vers le captif :

Je suis désolé de ce mauvais traitement. Je m’occupe de cette jeune femme et je vous ferais libéré.

Tournant le dos à la salle, Jezabel parcouru les couloirs, sa création le suivant comme un chien qui allait se faire battre. Il la mit dans une petite salle, la ligotant au pied d’un petit lit. Il ne lui adressa pas un mot, pas un regard, puis ferma la porte. Elle allait rester dans cette salle pendant quelques jours, sans nourriture et comme seule compagnie, ses souvenirs traumatisants. Cette chambre a été construite pour la torture psychologique, ressortant les pires cauchemars de n’importe quelle personne s’y trouvant emprisonné. C’était une chambre maudite, où la haine, la peur et le regret se délectaient de votre faiblesse pour enfin vous dévorer tout entier. En bref, une excellente punition.

Le plaisir était bel et bien là, mais oh combien désespérant!
A chaque mouvement qu'effectuait la main de la femme, il sentait son corps se dérober à sa volonté, et obéir uniquement à ses pulsions masculines premières. Pourtant, à chaque fois qu'il sentait un début d'orgasme venir, tout s'arrêtait et retombait. Bien sûr, la proximité de ce corps si agréable au toucher et en si légère tenue au dessus de lui suffisait à maintenir l'excitation de n'importe quel homme à un taux respectable. Mais celle-ci était quand même fortement atténuée par les circonstances présentes.

Il se demandait quand tout ceci allait s'arrêter, espérant que cela se ferait une fois qu'il aurait atteint l'extase, mais celle-ci semblait inaccessible. Cela pouvait durer indéfiniment, et cette pensée changea la peur que ressentait l'homme en désespoir. Il tâcha toutefois de ne pas crier ni se plaindre. La créature finirait sans nul doute par se lasser de ce manège incessant. En temps normal, il est vrai qu'un homme se doit de faire durer le plaisir le plus longtemps possible, mais pas du tout dans ces circonstances-là.

"Lyra, ce n’est pas bien de jouer avec mes affaires, ni les clients. Viens me donner le scalpel."

*Quoi? Il y a quelqu'un?*

Une voix somma à la créature de cesser son "acte", elle était masculine, ce qui assura à Ned qu'il n'était pas simplement en train de changer de bourreau. Ce n'était pas non plus quelqu'un de la police. Son ton était trop familier avec la femme.

Il sentit la présence de la créature s'éloigner, et, d'un côté, en fut soulagé. Ainsi, ce calvaire était fini. On allait cesser de lui tripoter les parties intimes et il retrouverait un peu de sa dignité.

"Quel dommage, tu l’as salie. Il faudra la désinfecter maintenant. Viens."

A l'entendre, il s'agissait d'un médecin. Voilà qui était fort rassurant: les médecins sont des hommes bons et respectables. Il l'entendit ensuite lui adresser la parole.

"Je suis désolé de ce mauvais traitement. Je m’occupe de cette jeune femme et je vous ferais libéré."

Ned en était sûr. Il s'agissait d'une mise en scène, d'une simple expérience de l'esprit humain que l'on réservait aux nouvelles recrues. Il fut impatient de voir si il avait passé cette épreuve avec succès, et se réjouit à l'idée de pouvoir se lever et voir quelque chose de l'endroit où il se trouvait. Il entendit pourtant des bruits de pas s'éloigner. On le laissait seul ici, sur le lit, avec les yeux bandés et les mains liées, lui qui avait en plus totalement perdu le sens de l'orientation.

-Attendez! Vous en pourriez pas me libérer tout de suite?

Puis plus rien que le silence.

Vous savez, le silence n'est pas la chose la plus cruelle qui existe. Les hommes ont peur du silence, ils craignent de se faire bouffer par l'abscence. Je croix que ce qu'ils craignent le plus c'est de laisser couler leur âme dans le silence, se retrouver vide, une abscence de vie, un moment de pause trop long qui les avalera et prendra leur joie, leur espoir et surtout, volera cet aveuglement volontaire, leur arrachera la poudre aux yeux qui leur cache l'absurdité de leur existence. A quoi bon vivre? A quoi bon souffrir, être heureux? Bon dieu, non, le silence prendre les pensées qui recouvrent cette question comme un vent violent qui fait voler des feuilles de papies et refaisant apparaître un vieux cahier jaunis remplis de poèmes acerbes et plein de mal être. On ne veut pas revoir ce cahier car si on le voix, on va le lire, si on le lit on va se souvenir, si on se souvient on retrouve ce qui nous a fait mal, si on retrouve que ça...on se rend compte comme c'est futil de continuer vus que ces anciennes pensées, on les réentend et on sait qu'on a jamais cessé de les écouter mais qu'on les noyait sous le bruit de nos pensées, de nos paroles, de la musique.

Oui, le silence laisse parler tout ça. Ces murmures caché comme une honte insurmontable. Maladroitement, face à l'abscence, ce sifflement reprend le dessus et nous étouffe appuyant sur la vie, sur le monde, sur notre univers. On est prisonnier sous son poids incroyable et l'air vient à nous manquer. Alors on veux fuire, respirer, on crie, on appelle, on parle, en rentre dans le bruit. Mais le silence n'est pas cruel, pas LE plus cruel. Non, ce qui est plus cruel que le silence c'est ce murmur qu'on entend quand il n'y a plus d'autre bruit. C'est lui qui nous étouffe, qui nous tiens. Vosu savez ce qu'es ce murmure? Et bien ironiquement, ce n'est rien d'autre que notre subconscient. C'est nous même qui nous parlons. Une sorte d'automutilation en fait. Ainsi, nous somme tous à nous blesser volontairement...pitoyable.

Ce murmure était là. Il emplissait la salle. Les mots se mêlaient sans vraiment se mélanger. Ils traversaient tout en silence crissant sur l'air vide de son. Un sifflement qui ne jaillissait de nul part ailleurs que de l'esprit de Lyra elle même tournant autour d'elle comme des corbeaux qui attendent le mort de leur proie pour s'en repaitre. Mais ces corbeau là la tuaient de leur seule présence. Ils aggrippaient leurs serres puissantes sur elle, se cramponnant en criant leur insupportable vérité brisant l'espoir comme un cri déchire le silence, comme une épée tranche la chaire. Ca faisait mal, les souvenir de sa mort étaient là. L'image pâle de son père bougeait comme un spectre en refaisant les mêmes geste sur sa propre image qui se débattait pareillement. Une chorégraphie réglée au milimètre entrainant la mort. Danser avec les spectres.

Dans la salle apparut soudain une autre créature. Un autre être. Une femme avec les yeux bandés. Lyra ne bougea pas, les murmures étaient tout ce qui l'importait.

(Mouhahaha suite après vos postes.)

Enfin, il voyait quelque chose. Une salle blanche comme un nuage. L'ange l'aurait-elle mené au ciel? Apparemment non, vu l'humiliation qu'il avait eu à subir. Ce qui le rassurait, c'est que la pièce était déserte, et donc personne ne l'avait vu ainsi. Quoique déserte est un therme un peu fort: Il s'y trouvait un grand homme aux longs cheveux blonds et dont les lunettes lui donnaient véritablement l'air d'un docteur. Il était très courtois, souriant et poli, donc ce qui était arrivé à Ned devait être un accident, un simple coup de malchance.
On le mena dans un salon fort accueillant où un délicieux thé comme seuls les nobles en possédaient l'attendait.

-Je m'excuse encore une fois pour la jeune Lyra. Elle est très instable en ce moment, alors nous la gardons ici. Mais malheureusement elle s'était échappée deux jours auparavant. Nous n'aurions jamais imaginé qu'elle ramènerait une personne ici.

Cette Lyra avait tout l'air d'une personne souffrante. Ils devaient se trouver donc dans un hopital. C'était tout ce qu'il y avait de plus rassurant. Mr. Storm devait déjà avoir été prévenu.

-Malheureusement, nous ne pouvons pas vous laisser partir tout de suite. Vous voyez, la jeune femme est victime d'une maladie rare mais contagieuse quand on est à proximité. Je dois vous demander: avez-vous échangé des fluides, tel que de la salive, du sang ou autre?

Eh oui, c'était prévisible: Lyra était bel et bien malade. Cela décevit un peu le jeune policier que de savoir qu'il était contraint de rester ici, car il avait du travail qui l'attendait, et un supérieur qui comptait sur lui. Mais il se dit qu'après tout c'était pour la bonne cause. Quand à la réponse à la question du docteur, elle était rassurante pour lui, car il savait qu'il n'y avait aucun risque de ce côté-là.

-Non, rien de la sorte ne s'est prod...

Pourquoi se sentait-il tout drôle? s'était-il trompé? La maladie commençait-elle à agir? Un frisson d'horreur le parcouru, mais il se rassura, se disant que cde n'était rien, juste un traumatisme du à ce qui lui était arrivé. Pourtant sa conscience s'en allait, tout devint noir, il sombra bientôt dans un sommeil profond, comme à son arrivée en ce lieu.