Je ne vous cacherai rien en vous disant que j'ai l'intention de présenter cette fic au PIJA (prix interrégional des jeunes auteurs), donc votre avis me serait d'une certaine aide, svp, évitez les conseils, mettez juste vos impressions. Je vous met déjà le début, et pour ceux qui ont l'intention de participer, ils pourront faire de même.
Dans un frisson
Journal d’un homme sans but.
Automne
Il est étrange de commencer un écrit si personnel d’une façon aussi générale. Mais en y réfléchissant bien, en quoi mon nom, ou toute autre précision sur un seul individu vous serait-il d’une quelconque utilité ? Vous, cerveau humain, ordinateur biologique, prodige de l’évolution, maître incontesté de votre enveloppe, prendriez-vous la peine de nommer différemment chacune de vos cellules, alors qu’elles ne semblent exister à vos yeux que par leur nombre ?
En effet, je ne suis rien d’autre que la main qui manie cette plume –ou ce clavier, suivant mes préférences- et qui vous permettra de suivre les évènements de ma vie qui valent la peine d’être racontés. Je précise au passage que je suis, accessoirement, un humain, ce qui, par définition, signifie que j’ai conscience de mon corps, de moi-même, ainsi que de ma mort inévitable. En resserrant un peu le champ dans lequel tout bon anthropologue aurait à me placer, signalons que je suis un humain de sexe mâle. Cela signifie que, comme la majorité des mâles, je suis muni d’une attirance naturelle vers les femelles de mon espèce, détail qui pourrait m’être utile plus tard dans mon récit. Autre signification : j’aurais une tendance fâcheuse à privilégier les muscles par rapport à l’esprit, ainsi qu’à vouloir imposer mon commandement. Il me faudra d’ailleurs songer à arranger cela un jour. Ma nature pourrait me perdre.
Que pourrais-je bien être encore ? Ah oui, un humain mâle de la classe qu’on appelle étudiants. C’est une sorte de phase "préparatoire", en quelque sorte : Les bases du savoir-vivre nous sont inculquées, à savoir qu’il faut se lever le matin, prendre ses responsabilités, toujours garder un équilibre entre travail et divertissement, et savoir relever sans faire d’erreur le comportement asymptotique d’une fonction polynomiale du troisième degré. Souvent, le fait de savoir parler Anglais ou Allemand peut être d’un grand secours lorsqu’il y a d’autres domaines du savoir-vivre élémentaire qu’un étudiant ne parvient pas à assimiler.
Les étudiants occupent une place privilégiée dans la hiérarchie de notre société ; Des bars sont ouverts spécialement pour eux, et ils bénéficient souvent de rabais sur le prix de ce qu’ils font, tel qu’au cinéma, ou quand il s’agit d’utiliser les transports publics. Ce point reste encore mystérieux. En effet, l’étudiant est-il privilégié dans le but d’être rendu docile et obéissant à l’autorité, ou est-il au contraire un être à part vénéré du commun des mortels ? J’ai constaté que, souvent, les hommes qui ont réussi leur vie ont été des étudiants, alors je puis aisément en tirer la conclusion que le monde voit en ses étudiants la clé d’un utopique bonheur, et tâche de conforter cette vision en leur rendant la vie plus agréable. Ainsi l’étudiant représenterait le but que toute vie doit atteindre. Je dois dire que je ne suis pas peu fier de ce statut.
Voilà, vous connaissez mon identité, et je me dois à présent de justifier mon récit. Je vous parlais tout à l’heure d’événements de mon existence valant la peine d’être racontés. Il faut avouer que, si mon nom, étoile autour de laquelle tourne ma vie, la première chose qui vient à l’esprit de ceux qui pensent à moi, n’a pas assez d’importance pour être cité, comment de petits morceaux épars de cette vie en question pourraient-ils être utilement retranscrits en un texte ? N’y faites pas attention, c’est pour tenter de répondre à cette question que je le fais.
Par ailleurs, je me dois d’expliquer d’où viennent ces sueurs froides que je ressens en moi depuis des mois, mon cœur accompagnant ce bal de mystères dans une sensation totalement nouvelle pour moi, et pourquoi je suis animé d’une passion telle que mes mains sont aujourd’hui tachées de sang. Grâce à ces sensations, j’ai pu me mettre à la place de noms qui ont marqué la courte histoire de mon espèce –et, je l’espère, de la vôtre également. Peut-être, à n’en pas douter, les avez-vous déjà ressenties de par le passé.
Nous sommes à présent
au début du printemps, mais je me dois d’entamer mon récit à partir du début de la saison, celle que redoute tout étudiant présentant les caractéristiques générales de sa classe : les jours deviennent plus courts, le thermomètre, grand annonciateur des sports d’hiver, commence à descendre la pente avant les skieurs afin de préparer les pistes. C’est le moment pour un étudiant de reprendre son année scolaire, généralement source de stress, d’où jaillit son avenir.
Les auteurs de la Grèce antique nous racontent que les hommes, au début de leur existence, vivaient l’âge d’or. Le monde était un vaste jardin d’Eden où tous vivaient dans l’oisiveté et la luxure. Il s’agissait d’un éternel printemps où nul ne manquait de rien. Ce fut le titan Cronos qui instaura ce mode de vie que l’humain moyen qualifierait de "bonheur". Mais voilà que Cronos fut détrôné par son fils Zeus, pour une de ces querelles familiales dont les dieux de la Grèce antique ont le secret. Regardant le monde qu’avait créé son père, le roi des divinités du moment désapprouva la vie que menaient les hommes, et instaura le "travail", ainsi que les saisons. Si je vous raconte brièvement cette histoire, c’est pour vous donner une idée de ce que ressent un étudiant au début de l’automne : imaginez ce qu’ont du ressentir les humains lorsque l’âge d’or prit fin, et lorsqu’ils se virent contraints de travailler pour vivre !
Pourtant, l’âge qui suivit ne fut de loin pas le pire qu’ils purent connaître. Ainsi, ils purent s’accommoder des fréquents rayons de lumière qui vinrent éclaircir les ombres qui planaient sur leur nouvelle vie.
Et, curieusement, l’un de ces rayons vint à la classe des étudiants en ce début d’automne : si la longueur des jours resta fidèle à l’orbite de la Terre, personne ne pu en dire autant du thermomètre. Alors que tout le monde s’attendait à voir la température diminuer de jour en jour, il sembla que la pente était plus capricieuse cette année, car elle demeura longtemps à un niveau parfaitement estival. Mais sûrement était-ce un effet de mon imagination, car je reçu à ce moment là un regain de chaleur.