La bêche tomba sur le sol échappant des mains de la femme qui le tenait. Celle-ci leva les yeux vers le ciel observant le soleil de plomb qui la martyrisait depuis ce matin. Elle soupira et s’assit sur la terre sèche qu’elle tentait de labourer depuis plusieurs heures sans grand résultats. Rien ne semblait vouloir marcher pour faire des récoltes cette année. D’abord des inondations et maintenant la sècheresse.
« Chérima !!! »
Appela alors une voix qu’elle connaissait bien. Sur le chemin menant au champ, Ambre courrait un lourd seau d’eau dans les mains. La jeune fille sourit en arrivant à sa hauteur avant de lui tendre une tasse pour qu’elle puisse boire. La femme sourit à l’enfant en acceptant la boisson qu’elle avala rapidement profitant enfin d’un peu de frai dans cette journée d’enfer.
« Je suis désolée de ne pas être venu plus tôt je m’entrainais avec Orphal et j’ai pas vu le temps passer. »
« Bah, rien que le fait que tu maîtrise si bien un ärm de cette puissance est encourageant tu sais. »
Répondit la femme en souriant et regardant les boucles orangées qui tombaient sur les épaules de la fillette. Quand Lyra était partie, elle avait confié la garde de la petite à la jeune femme et depuis, cette dernière ne passait pas un jour sans se demander comment on pouvait laissé une gamine aussi merveilleuse derrière soi. Chérima avait honte de se l’avouer mais la cécité de l’aveugle l’avait empêché de lui dire ce qu’elle pensait de son acte.
« Pourquoi tu es triste Chérima ? Les plantes sont si tristes que ça ? »
« Oh ! Non, ce n’est pas ça ma puce. »
« C’est maman ? »
Elle soupira regardant les yeux perçants et si perspicaces de l’enfant qui s’était assise sur la terre et la fixait tranquillement. Oui, elle savait beaucoup de chose pour quelqu’un de son âge ce n’était pas naturel.
« Je ne comprend pas pourquoi elle est partie en te laissant seule derrière elle. »
Ambre sourit et effleura alors le diadème qu’elle portait au cou avec un faible sourire tout en tendant juste après ses mains paumes ouvertes à la femme à la peau d’or.
« Regarde, je ne suis pas seule. J’ai les ärms les plus puissants de la famille et si je n’avais pas insisté j’aurais même encore Sinistra. Ils sont tous là pour me protéger je n’ai rien à craindre. Je sais m’en servir et ils sont assez forts pour tout le village. »
« Ambre ! Les ärms ne sont pas des hommes mais des objets. Tu ne peux pas te contacter d’eux comme seuls contacts ! Pourquoi ne vient tu pas chez moi comme je te l’ai proposé ? Tu serais bien, il y a de la place. »
Ambre replia ses mains et secoua la tête. Ses yeux fixaient le sol et commencèrent alors à briller sublimés par les larmes. Elle sourit, un sourire forcé qu’elle offrit à la femme en relevant la tête et fermant les yeux.
« Je vais partir ! »
« Comment ça ? »
« Je vais visiter le monde et rejoindre ma mère. Je maîtrise assez les ärms maintenant et il ne me sert à rien de rester maintenant. Je veux aider ma mère dans son voyage je sais qu’elle a besoin de moi. Comment peut elle s’en sortir sans pouvoir lire un texte ou quoi que ce soit du style. Je vais partir Chérima et aujourd’hui même. »
La femme baissa les yeux. Jamais elle ne pourrait convaincre Ambre de rester contre son gré. Elle était jeune oui mais aussi extrêmement forte et têtue. Depuis toujours elle avait aidé sa mère et il était clair que maintenant, elle n’allait pas laisser tomber. Cette enfant avait besoin de vivre, de servir à quelque chose et surtout, apprendre le monde. Chérima eu un faible sourire et porta ses mains à sa nuque pour décrocher un de ses pendentifs. Il avait la forme d’une lune avec la moitié du soleil encastrée en elle. Elle prit la main de l’enfant et mit le pendentif dedans.
« Je te présente Raïdja. Le meilleur Gardien de ta famille. Ta mère m’a demandé de te le donner au bon moment. Il me semble venu. »
La jeune fille serra l’objet dans sa main une seconde remerciant Chérima d’un regard si profond que cette dernière en fut troublée. Elle ressemblait tellement à une adulte. L’enfant-femme regarda le ciel actionnant l’ärm.
C’était une créature gigantesque de plusieurs mètres. Une sorte d’aigle aux plumes or, rouges et bleues. Son bec aigu portait un saphir incrusté dedans et sur son front le symbole de sa forme du repos brillait de blanc plus immaculé que la neige. L’ärm brulait d’une aura incroyable montrant qu’en réalité se force ne se résumait pas à cette apparence. Il leva la tête et poussa un long cri à glacer le sang.
Chérima posa une main sur l’épaule d’Ambre parlant à voix basse.
« C’est un Gardien, un Holy, un dimension et aussi un ghost ärm. Chacun de ses pouvoir est a une seul de ces catégories mais comme le veux la tradition de ta famille, il ne sera à son excellence que sous sa force de ghost. Il faut que tu saches Ambre, lui, c’est l’ärm qui ressemble le plus à un ami que j’ai pu rencontrer. Monte sur son dos et vole.»
Elle ne se fit pas prier et enfourcha l’animal regardant le visage radieux son nouvel ärm. Elle dit au revoir de la main à Chérima. Elle avait en fait déjà sur son dos le sac contenant tout ce dont elle avait besoin.
La femme la regarda s’envoler le cœur en sang. Comme un oiseau sauvage qui prend son envole, comme les premiers pas d’un nourrisson, elle avait l’impression de perdre et de laisser filer une partie de son âme. Ses larmes vinrent donner les premières gouttes d’eau depuis des jours à la terre assoiffée. Mais l’esprit de Chérima noyé de chagrin ne s’en rendit pas compte. Son cœur se serra comme juste avant une catastrophe. Elle toucha sa boucle d’oreille, une dimension ärm et lui demanda encor une foi une image de l’avenir de l’enfant.
Un champ brulé et un petit garçon pleurant devant une tombe sous une pluie noir à l’odeur de putréfaction. Et surtout, le silence absolut. Oui, ses images étaient cryptées toujours mais celle-là, depuis toutes les fois qu’elle la voyait, elle ne voulait pas la décoder.
