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 (One shot) Tueur de héros

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Ned Green

Ned Green


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MessageSujet: (One shot) Tueur de héros   (One shot) Tueur de héros EmptyDim 25 Avr - 15:05

[J'ai écrit ce texte début février et je ne sais pas ce que ça vaut, mais je le poste ici pour ceux que ça intéresse. La FNAC demandait à ce qu'on lui envoie des nouvelles policières pour son concours. Vous pourrez y reconnaître de nombreuses sources d'inspiration. C'est un long texte, mais il y a des chances que vous le trouviez sympa.]

Tueur de héros


« Tu mourras demain soir. »
Le message s’affichait à l’écran, s’adressant au lecteur avec le tact d’une grenade dégoupillée envers un pot de géraniums.
« Demain soir, lorsque tu rentreras chez toi, un homme en imper noir et au visage caché se tiendra près de ta porte en dissimulant un pistolet. Il ne te laissera pas la moindre chance, et te tabassera après t’avoir tué. Si tu ne veux pas que cela arrive, déménage immédiatement ou envoie tout de suite ce message à dix de tes contacts. Si tu fais ça, le tueur te laissera tranquille et tu deviendras riche. »

Sven contempla sa messagerie avec de grands yeux ronds, tandis que son inconscient essayait de compter le nombre de fautes d’orthographe contenues dans le texte. Ainsi l’impossible était devenu possible. La bêtise avait atteint son point de non retour. Il existait bel et bien des personnes capables de penser qu’il serait assez stupide pour gober quelque chose d’aussi gros. Ne sachant vraiment s’il devait se sentir vexé qu’on se moque de lui ou s’il devait éprouver de la pitié pour les auteurs d’un tel message, ce fut sans aucun remord qu’il expédia ce dernier dans la corbeille.

Sur cette dernière note d’absurdité, Sven décida de terminer sa journée. Il éteignit donc son ordinateur, gagna son lit et tâcha de trouver un sommeil réparateur.
Toutefois il ne remarqua pas le courant d’air qui s’échappait de sa fenêtre, malencontreusement laissée entrouverte…

Le lendemain, lorsqu’il se réveilla en frissonnant, il eut toutes les peines du monde à quitter la chaleur de ses couvertures pour aller refermer ladite fenêtre, mais une fois ce tragique épisode passé, sa vie d’étudiant pouvait reprendre son cours habituel. Sa mère était déjà dans la cuisine et regardait les informations. Il était sujet d’une jeune fille qui avait été violée la veille au soir. Le drame s’était déroulé à deux rues à peine de chez eux. L’agresseur portait un masque et n’avait encore pu être identifié. Des analyses scientifiques menées sur les vêtements de la victime étaient en cours. Sven fut presque surprit de ne pas entendre le présentateur ajouter « un épisode des experts à ne pas manquer ! » à la fin de sa rubrique.

Il eut même droit à des recommandations de la part de sa mère, car si les agressions étaient peu fréquentes dans le quartier, elles arrivaient. Il fallait donc être prudent, se déplacer en groupe après une certaine heure, ne pas forcer sur la boisson, mettre sa ceinture en voiture, regarder de chaque côté avant de traverser la route, s’assurer que la date de péremption des aliments n’était pas dépassée avant de les manger, et bien se brosser les dents avant d’aller au lit. Il n’était pas sûr qu’elle ait réellement énoncé ces deux derniers points, mais elle les avait sans doute sous-entendus. Quelquefois, il se demandait ce qui pouvait bien passer par la tête de ses parents.

Il se mit en route, marcha jusqu’à la gare et s’installa dans le train. Il fut bientôt rejoint par David, un ami de sa classe qu’il connaissait depuis de nombreuses années, toujours enthousiaste, et ne manquant pas une occasion de se mettre en quête d’action. Lui n’allait pas souvent voir ses E-mails, car la réalité lui paraissait bien plus palpitante que ces messages virtuels. Il restait constamment plongé dans un délire gentil et naïf. Et ce matin-là, ce délire ne tarda pas à se manifester, et sans retenue.
-Tu sais quoi ? Nathan a reçu des menaces de mort.
-Allons donc, où est-ce que tu es allé pêcher une histoire pareille ?
-J’étais avec lui hier quand il est allé à son casier. Le message avait été glissé dedans, ça disait : « Il te reste un jour à vivre, profites-en ». Je peux te dire que sur le coup, il a flippé.

On le sentait frissonner alors qu’il parlait.

-Tu sais, moi aussi j’ai reçu des menaces de mort, répondit Sven avec un sourire. C’était une chaîne mail, mais qui prendrait au sérieux ce genre de message ?
-On ne sait jamais, si des personnes y ont pensé, c’est qu’au fond la probabilité que ces menaces soient réelles n’est pas nulle.
-Oui, et moi j’ai pensé que demain les lézards seraient doués de parole et pourraient donner des cours de littérature anglaise en option, la probabilité que cela arrive n’est donc pas nulle. Allons, inutile de s’inquiéter pour des messages. Tuer n’est pas à la portée de n’importe qui.
-Et bien pense ce que tu veux. Pour ma part cette affaire m’intéresse. Je vais enquêter et j’espère obtenir un résultat avant ce soir.
-Si ça t’amuse. Tiens-moi quand même au courant, et si j’étais toi, je contacterais Nathan et lui proposerais qu’on l’emmène au bar ce soir, pour fêter sa non-mort.

La proposition fut naturellement acceptée. Ce jour-là était un vendredi, et de toute façon, le vendredi soir, n’importe quel prétexte était bon pour que les jeunes sortent faire la fête. Il suffisait de lancer l’idée et vous étiez assuré d’avoir un bataillon d’ivrognes à disposition pour vous accompagner en soirée.

Mais avant cela venait la journée de cours. Sven commença la sienne par une heure et demie de mathématiques, rien de tel pour se griller quelques neurones en guise de complément au petit déjeuner. Il fut surprit de constater l’absence de David. Il avait vraiment décidé de mener l’enquête. Pourquoi se fatiguait-il toujours à vouloir protéger tout le monde ? Il en devenait presque agaçant, mais c’était aussi une des raisons pour lesquelles on aurait pu le qualifier de « quelqu’un de bien ». Nathan, en revanche, était là, et paraissait décontracté. Tout comme Sven, il ne prenait pas son affaire au sérieux. Tant que personne n’avait quelque chose à lui reprocher, ce message ne pouvait être qu’une farce.

Afin de poursuivre dans le cadre des réflexions pompeuses et démoralisantes, la philosophie suivit les mathématiques. David rejoignit la classe avant le début du cours. Sven lui demanda où en était son enquête, mais son ami ne répondit que par un bref « ça avance ».
Le cours commença. Le professeur commença par faire un résumé de son précédent cours, puis se mit à commenter « Criton », une œuvre de Platon mettant en scène Socrate, argumentant en faveur de sa condamnation à mort, avec un de ses amis qui lui propose de le faire évader. Les élèves acquiescèrent en prenant quelques notes, l’air vaguement intéressés, mais au fond, Sven se dit que tous pensaient la même chose : « Quel nul ce Socrate, on lui propose d’échapper aux Athéniens et de se retirer dans une belle villa où il pourra philosopher longtemps et sans obligations, mais au lieu de ça il épuise une œuvre entière à donner des arguments bidons pour rester dans sa cellule. » Cependant il leur était donné le pénible devoir d’être en accord avec leur professeur, et ils devaient s’y tenir. Aucun d’entre eux n’avait encore osé formuler d’objection.

-Vous pourrez remarquer que Socrate ne parle nullement de ce qui est bien et de ce qui est mal. Pour lui, l’homme est tenu d’obéir aux lois qu’il a instaurées, même si ces lois lui paraissent injustes. Ce sont elles qui guident les hommes et qui définissent leurs limites. On peut alors comprendre que les « valeurs morales » au nom duquel la plupart des héros des fictions contemporaines prétendent agir, sont des notions toutes relatives, et qu’un homme seul ne peut pas prétendre les définir. Mais je suis sûr que vous avez tous été plusieurs fois frustrés de voir les rêves d’un « méchant » brisés par la brutalité d’un héros sans scrupules, prêt à tuer tous ceux qui s’opposeront à lui au nom de sa propre estimation de la justice.

David leva alors la main. Immédiatement, il reçut l’autorisation d’argumenter de la part du professeur, apparemment ravi de voir un peu d’animation se créer dans la salle.

-Mais monsieur, le héros cherche avant tout à ce que la loi soit respectée. C’est en accord avec la pensée de Platon, non ?
-Il cherche à ce que la loi soit respectée, mais cela ne va pas l’empêcher de tuer des dizaines de personnes pour parvenir à ses fins. Même si la plupart du temps ce ne sont « que » des sbires ou des personnes qui en veulent à sa vie, tuer reste interdit par la loi. Vous pouvez prétendre que toutes les vies ont la même valeur, mais ne vous étonnez pas que d’autres soient capables de penser autrement. Ce n’est pas une raison pour leur faire du mal.

Personne ne tenta plus d’argumenter par la suite, mais certains élèves semblaient plus attentifs. On pouvait aisément les imaginer, au fond d’eux-mêmes, se disant « tiens, c’est pas bête ce qu’il a dit là. Je vais écouter la suite, et peut-être que je devrai me remettre momentanément en question. » D’après ce que Sven pouvait observer, David n’était pas de ceux-là. Dès que la classe fut libérée, il lui dit de ne pas l’attendre à la cafétéria. Voyant son ami jubiler ainsi en se prenant pour Colombo, Sven sourit et alla manger avec d’autres amis.

Durant les cours de l’après-midi, David revint, mais parla peu. Il attendait sans doute qu’ils aient un peu de temps pour discuter et le mettre au courant. A seize heures, conformément à leur horaire, ils emballèrent leurs affaires et se mirent sur le chemin du retour. Ce fut une fois qu’ils eurent quitté l’enceinte du Gymnase que le jeune homme laissa pleinement son enthousiasme s’exprimer.

-Ah mon gars, j’espère que tu es préparé, j’ai tout plein de trucs à te raconter. Pour commencer, j’ai essayé de voir qui aurait pu en vouloir, d’une façon ou d’une autre, à Nathan. C’était galère, je peux te dire. Pour commencer, je lui avais posé quelques questions hier après-midi, mais il ne voyait pas qu’est-ce qu’on aurait pu lui reprocher, et encore moins de qui pourrait venir ce reproche.
-Normal, il est célibataire, n’a pas de problèmes d’argent, s’entend bien avec beaucoup de monde, et à ce que je sache de lui, il ne mouille pas dans des affaires illégales. Ça a toujours été un mec sans histoire. C’est ce qui prouve que cette lettre est juste une bonne blague.
-Peut-être. Pour ce qui est des activités illégales, des contacts me l’ont confirmé. Alors ce matin je suis allé en salle d’informatique pour me renseigner sur sa famille, car il y avait de grandes chances que quelqu’un en veuille à un de ses proches. Devine quoi ?
-Vas-y, surprend-moi, répondit Sven d’un ton trahissant une légère lassitude.

Il était toujours agréable de délirer, mais dès que ce délire dégénérait en quelque chose de sérieux, cela pouvait avoir des conséquences plus graves. En l’occurrence, il n’était pas bon de se mêler des affaires des autres. Pourquoi ne pouvait-il laisser Nathan en paix ? Si ce dernier avait été inquiété par son message, c’était à lui de faire le nécessaire pour se protéger ou pour en savoir plus sur son auteur. Sven était conscient que si David n’avait rien fait, il se serait mordu les doigts d’avoir laissé passer une occasion de vivre une aventure de roman, mais des millions de personnes vivaient dans l’inaction quotidienne. Lui aussi devrait pouvoir s’en passer.

-Son père est dans la politique ! C’est un représentant important d’un parti d’extrême droite, tu sais ? Celui dont on parlait il y a quelques semaines.
-Cette bande de Xénophobes qui par leur influence on obtenu l’interdiction de certaines pratiques religieuses ?
-Oui voilà. Le père de Nathan a joué un grand rôle dans cette affaire. Du coup, je me suis dit, « et si on lui en voulait à cause de son père ? »
-Attends, il faut que tu sois sûr. Ça peut être un membre plus éloigné de sa famille, ou simplement quelqu’un qui porte le même nom.
-Non, je t’assure, j’ai vu sa photo, c’est son portrait, mais en plus vieux.
-Et ça, tu n’as pas pensé à en parler à Nathan ?
-Non, tout ce qu’il me restait à faire c’était de trouver qui dans le Gymnase aurait pu être victime de cette loi. A partir de la pause de midi, j’ai pu dresser une liste de tous ceux auxquels ces nouvelles lois auraient pu faire du mal. Maintenant, il ne me reste plus qu’à m’assurer qu’aucune de ces personnes ne sera en mesure de l’approcher aujourd’hui et ces prochains jours, et tout rentrera dans l’ordre. Il ne se rendra compte de rien et fera comme toi : il croira à une simple blague.
-Tu te rends compte que tu ne te bases sur aucun argument sûr ?
-Le flair, mon ami, fait confiance à mon flair.

Sven s’aperçut que, malgré lui, il avait endossé le rôle malheureux du partenaire, l’assistant de l’inspecteur, celui auquel le public s’attache, car la plupart du temps il est là pour compenser le sérieux du personnage principal. Il sentait que David n’allait pas tarder à lui demander son aide.

-D’accord, admettons que ta théorie tienne la route. Tu ne peux pas continuellement surveiller Nathan à son insu.
-Pas Nathan, mais les personnes qui sont sur cette liste. Si l’une d’elle décide de passer à l’action dans l’après-midi, je peux l’en empêcher discrètement et sans problème, mais si elle compte s’en prendre à lui ce soir, quand on sera au bar, il y aura bien plus de monde, et j’aurai besoin de toi pour intervenir. Ce sera dangereux, mais on y arrivera. Je passe chez moi pour poser mes affaires, me changer, et je retourne à mon observation.
-Montre-moi voir ta liste.

David lui donna sa feuille et Sven l’examina. Une poignée de noms y figuraient, beaucoup à consonance étrangère, et d’autres appartenant à des élèves qu’ils savaient musulmans. Il n’y avait que des hommes. David semblait incapable de voir une femme menacer quelqu’un de mort. Il ne voyait que des stéréotypes. En l’occurrence les méchants arabes qui contraignent leurs femmes à porter le voile, les traitent comme des esclaves, et consacrent leurs loisirs à faire du mal à des occidentaux dont les opinions différaient des leurs, c’était bien connu. Pourtant, Sven était conscient que ce genre de pratique n’avait rien à voir avec une quelconque privation de liberté. Il hésita à le faire remarquer à David, mais il savait que cela ne servirait à rien. Il ne pouvait réussir là où même un professeur de philosophie avait échoué.
Sa montre affichait huit heures zéro cinq lorsqu’il franchit le pas de la porte du bar. Il y régnait une grande agitation. L’heure était à la détente du vendredi soir, et la boisson coulait à flots.

Ses amis avaient pu dégotter une table, sur laquelle trônait déjà une belle colonne de cinq litres de blonde. Avant de s’y asseoir, Sven fit le compte des visages présents : Christopher, Jenny, Nathalie, Jean, David et Nathan. Il prit une chaise et vint s’asseoir à côté de David. Son protégé était encore vivant, ce qui pouvait signifier deux choses : il ne s’était rien passé, ou alors il s’était passé quelque chose, et son ami était intervenu. Sven eut la confirmation que la première hypothèse était la bonne, mais David lui raconta qu’il avait du éloigner plusieurs individus louches qui s’étaient trop approché de la maison de Nathan. L’un d’entre eux figurait même sur la liste.

-Regarde autour de toi, lui murmura l’inspecteur improvisé. Dans le coin, de l’autre côté de la salle, il y a Naïm et Jahid. Ilias est là-bas. Il y a encore Pel et Ismaël au comptoir. J’ai décidé de les mettre sur la liste, eux aussi. S’ils décident de passer à l’action, on ne pourra pas les maîtriser. Il faudra être très prudent.

Sven jaugea les personnes que son ami lui avait désignées. Il les connaissait toutes plus ou moins bien. Elles étaient toutes assises à discuter avec leurs propres groupes d’amis, et aucune ne semblait leur prêter la moindre attention. Si l’une d’entre elle en avait voulu à la vie de Nathan, lui-même aurait du être un tueur né.

-Mais laisse-les donc en paix. C’est vendredi soir, profite plutôt du temps mis à ta disposition pour faire la fête.
Accompagnant ses paroles, il saisit une choppe qui avait l’air à peu près propre, la remplit à la colonne et en vida la moitié d’une traite. Il avait une réputation d’ivrogne à tenir. Jean le regarda alors avec une expression qui l’inquiéta.
-Dis-moi que tu n’as pas bu dans la choppe qui se trouvait là…
-Si, pourquoi ? Il y a un problème ?
-Ben… cette choppe était là avant qu’on arrive. Je ne sais pas ce qu’elle contenait, mais il en restait un fond qui sentait bizarrement.
-Qu’est-ce que tu racontes ? Elle est très bonne cette bière…

Une douleur le prit soudainement au ventre, qui le plia en deux. Avant même qu’il n’ait eu le temps de raisonner ou de faire quoi que ce soit d’autre, sa vue se brouilla et il eut l’impression de se trouver au milieu d’un nuage blanc. Était-il à l’agonie ? Cela ne l’aurait pas étonné. Il se souvint du message qu’il avait lu la veille : « Tu mourras demain soir ». Si les auteurs de ce mail avaient su à quel point ils seraient proches de la vérité, ils ne l’auraient pas cru. Curieusement, il ne se sentait en sécurité, sans éprouver d’inquiétude ni le moindre regret, sauf peut-être celui de n’avoir pu assister à la fin du monde.

Ainsi Nathan vivrait et lui mourrait, c’était contraire aux prévisions de David. En y repensant, peut-être que lui aussi souhaitait que quelque chose se passe. Au fond de lui, s’il essayait de calmer l’enthousiasme de son ami à vouloir protéger Nathan, c’était pour laisser plus de chances à ses éventuels agresseurs et inverser le cours logique de l’histoire, à la fin de laquelle le coupable pourrait enfin triompher et venger des générations de méchants frustrés. C’était la mort de Nathan qu’il souhaitait, le fils de ce politicien xénophobe qui ne pouvait que mépriser les idées qu’il n’approuvait pas.

Cela ne faisait aucun doute : Sven se sentait bien méchant dans l’âme, ce soir-là, et comme la plupart de ses confrères, son avenir n’était pas brillant, puisqu’il avait réussi l’exploit de s’empoisonner sans l’aide de personne.
Il ouvrit les yeux. La douleur qu’il éprouvait au ventre était toujours atroce, mais il la sentait compensée en partie par une douce chaleur. On l’avait couché par terre en attendant l’ambulance, et sa tête était posée sur les genoux de Nathalie.

Cependant, personne ne lui prêtait la moindre attention. C’était une bonne chose, car cela l’aurait mit mal à l’aise. Devant lui, il pouvait voir que tout le monde avait formé un cercle autour de Pel. Pendant que Sven était inconscient, ce dernier avait quitté le comptoir, sorti une arme… et tenait à présent Nathan en joue. Le jeune homme, les mains en l’air, essayait de garder son sang froid, mais il n’y avait qu’à voir les tremblements qui parcouraient ses genoux pour se rendre compte de la peur qu’il éprouvait. Lui n’avait pas accepté l’idée de mourir. Il était toujours dépendant de sa condition de vivant. Sven avait envie de lui crier dessus pour lui dire que tout allait bien, et que même s’il mourait, il ne risquait rien.
David avait sous les yeux la preuve ultime qu’il ne s’était pas trompé, et loin de l’inquiéter, cette vision l’enthousiasmait. Il était comme Sven, heureux de voir un ami se faire agresser.

-Vas-y, fais pas le con ! Implora Nathan.
-Je t’avais prévenu, pourtant, qu’il te faudrait profiter de ton dernier jour. Tu vas payer pour ce que ton père a fait au mien.

Pas de doute, avec sa barbiche, ses sourcils froncés et son regard mauvais, Pel avait tout le physique d’un méchant digne de ce nom, un homme œuvrant pour une cause qu’il estimait juste, mais incompatible avec l’éthique du camp des gentils. Alors que, toujours allongé et curieux de savoir comment toute cette affaire allait se terminer, il observait la scène, Sven sentit une main se poser sur son épaule. Il leva la tête, et vit le visage souriant de David. Son ami posa son index sur ses lèvre pour lui intimer de se taire, et ouvrit légèrement un pan de son manteau, dévoilant un pistolet qui y était dissimulée et qu’il devait avoir pris chez lui. Qu’est-ce qu’il avait encore l’intention de faire ?

-Putain, cache ça ! Lui dit Sven d’une voix qui se voulait la plus basse possible. Tu vas encore faire des conneries, en plus je parie que tu ne sais pas t’en servir.
-Je fais ce que je veux.

Il s’avança calmement à l’intérieur du cercle.

-Toi t’approche pas ! Lui intima l’agresseur. Sans perdre son calme, David écarta le pan de son manteau qui dissimulait l’arme avec laquelle il tenait déjà son adversaire en joue. Immédiatement, cela lui apporta le respect de ce dernier. Tout le monde autour d’eux était calme. Ceux qui étaient les plus proches de la sortie en profitèrent pour discrètement s’éclipser.
-Écoute, Pel, tu ne peux pas gagner. Tu te bats pour une cause qui n’est pas juste.
-Mêles-toi de ce qui te regarde. Son père n’a qu’une envie, c’est d’envoyer toute ma famille en prison. Il faut qu’il comprenne qu’il ne pourra pas faire ça sans pertes.
-Tu n’es pas la justice, David, dit Sven. Arrête de vouloir soumettre le monde à tes lois. Tu n’en as pas le droit.

A ce moment-là, le sourire apaisé de David s’effaça. Sa main se mit à trembler tandis qu’il perdait tout son calme. Instinctivement, toutes les personnes autour de lui s’accroupirent, et se tassèrent contre les murs pour rester le plus loin possible de lui. Il s’exprima alors sans chercher à dissimuler sa rage.

-Mais vous m’énervez, bordel ! J’essaye de vous sauver. Depuis hier, tout ce que je fais, tous mes efforts, toute mon énergie, je les consacre à essayer de sauver vos petites gueules qui n’ont rien de mieux à me dire que « tu perds ton temps » ! Vous ne me croyiez pas lorsque je disais que cette menace était réelle, mais j’avais raison, sur toute la ligne ! J’ai décidé que j’allais vous sauver et je vais le faire, car il faut faire souffrir le moins de monde possible. Aujourd’hui je rends justice car je suis le seul à pouvoir le faire, je le sais. Pel, tu es fautif car tu as l’intention de faire du mal à un innocent, et Nathan, tu es fautif, car ton père aussi fait du mal à des innocents que tu n’as pas cherché à aider bien que tu en aies eu la possibilité. Il faut que les valeurs morales soient respectées, et parfois il n’y a pas d’autre solution pour que les gens comprennent que de les éradiquer comme de la mauvaise herbe. Seulement, si c’est Pel qui te tue, la faute reviendra aux musulmans, et d’autres personnes souffriront. Mais pourquoi faut-il que ce monde soit si compliqué, merde ?

Sa voix trahissait une légère démence. La suite était, malheureusement, trop prévisible aux yeux de Sven, qui préféra détourner le regard au moment où le coup de feu partait. David avait touché Nathan au ventre. Ainsi, c’était à lui que reviendrait la faute, et pas aux musulmans. Le jeune homme s’effondra sous l’effet de la douleur. S’il n’avait pas eu des doutes quand à sa propre sécurité, Sven aurait aimé lancer un petit « Je t’avais prévenu que tu ferais des conneries avec ça. »
Au loin, les sirènes résonnaient. L’ambulance arrivait, et il sentait qu’il n’allait pas en être le seul passager. La police ne tarderait pas non plus.
Pel sut alors que, s’il ne faisait rien, il devrait craindre de subir le même sort que celui qu’il comptait tuer ce soir-là. Il n’eut d’autre choix que de tirer en direction de David. La balle percuta le jeune homme en pleine tête, et le choc le projeta à terre. Puis Pel, tremblant, posa son arme sur le sol pour être sûr que plus personne ne serait blessé ce soir-là.
Les ambulanciers arrivèrent. En voyant Sven, Nathan et David à terre, ils appelèrent deux autres véhicules en urgence. Apparemment, Nathan était encore vivant et avait de grandes chances de s’en sortir, mais David, quand à lui, fut recouvert d’un drap blanc après avoir été couché sur sa civière. Quant à Sven, il devrait aussi être examiné avec sérieux, bien qu’il n’ait pas ingurgité une quantité trop importante de détergent.
Les policiers placèrent Pel en garde à vue. Il avait tué un homme, mais c’était un cas de légitime défense. Il avait la loi avec lui.
Sven regarda son ami qu’on emmenait au loin, déçu par le fait qu’après s’être impliqué avec autant d’enthousiasme dans cette affaire, il ait carrément réussi à mourir d’un excès d’héroïsme.

-T’es un héros insupportable, David.


[Ok, c'est pas très joyeux, comme fin, mais notez que ce n'est pas l'élément le plus important du récit. Dites ce que vous en pensez, ça me ferait plaisir^^]


Dernière édition par Ned Green le Dim 25 Avr - 15:29, édité 1 fois
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Niki

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MessageSujet: Re: (One shot) Tueur de héros   (One shot) Tueur de héros EmptyDim 25 Avr - 15:23

j'ai pas tout lu, jusqu'à la moitié environ, mais j'ai tiqué quand il n'y avait pas de fautes d'orthographes notables dans le mail, alors qu'il y en avait en dehors, comme dans "cartier", qui prend qu au début...
Je ne savais pas que la fnac organisait un concours...

ah oui, et le titre de l'histoire me faisait penser à un dragon de l'élément ciel qui est dans l'extension aux mangas de mon jeu...
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Ned Green

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MessageSujet: Re: (One shot) Tueur de héros   (One shot) Tueur de héros EmptyDim 25 Avr - 15:32

Oui, les fautes d'orthographe ne sont pas retranscrites ici.

A propos du titre, je peux aussi citer la série de William King (les aventures de Felix et Gotrek):
Spoiler:
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MessageSujet: Re: (One shot) Tueur de héros   (One shot) Tueur de héros Empty

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